Bashung_1

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"When the lights go down"
Prince (1999)
  

dimanche 22 août 2010

"Bashung" par Dragonfly


"J'peux t'aider, ça m'a l'air un peu dur à porter..."

Tiens c'est marrant ce que vous me dites là.
Ca sonne comme Alcaline une chanson de Bashung, qui était en fait à la fois une lettre d'adieu et un clin d'oeil à une chanson de Christophe... mais ça j'lai appris beaucoup plus tard, bien après le départ de l'Apache vers l'Irréel...
Ah les maux de Bashung, un jour on tombe dedans et on en ressort jamais.
C'est comme le pays des merveilles d'Alice, on court derrière un lapin et on finit par tomber amoureuse du chapelier. Il appelait ça 'happer' Bashung, je me souviens. Lui, le magicien des mots, metteur en scène d'histoires simplement humaines, dures et vraies à la fois.
Vous savez, c'est comme poser ses pas dans une empreinte ou comme ce truc qu'on ressent parfois en lisant un bouquin où certaines phrases semblent sorties de votre tête, ces fois où vous vous dites que vous auriez pu écrire si vous aviez osé... 'Osez' tiens, encore un mot qui me ramène à lui qui s'est révélé devant chaque obstacle, toujours à casser pour recommencer, brouiller les pistes, refuser la facilité, suivre la destinée qu'il s'était tracé, seigneur en quête d'éternel absolu.
Après tout peut-être n'était-ce qu'une simple revanche sur la vie qu'il avait préféré colorer de poésie et d'intransigeance. S'élever, toujours, faire monter l'aventure, au-dessus de la ceinture il disait...
Sa petite entreprise c'était souvent la boîte de Pandore mais nous on s'y retrouvait là-dedans, dans ses douleurs et ses notes mêlées ça devenait la dimension des miracles, un truc qui parlait directement à l'âme, ouais c'était comme ça... D'ailleurs maintenant qu'il tutoie les anges, on a gardé cette habitude de papoter avec lui, en tête à tête.
Pourquoi j'vous raconte tout ça moi... c'est tellement personnel. Ca doit être votre voix ou votre profil je sais pas.
C'est comme si j'vous parlais de mon père qui l'aimait bien avant moi Bashung, même que gamine j'l'entendais fredonner Gaby dans son atelier. Ca m'faisait marrer mon père qui chantonnait ce truc qu'on entendait sur toutes les radios. C'était léger, bizarre. Moi j'écoutais Police, j'avais 14 ans.
Puis il a mis les voiles mon papa, l'année du Joshua Tree et de mes 20 ans. Son petit coeur usé par une vie trop difficile l'a lâché. Mon petit cousin a hérité de son harmonica et moi des regrets éternels, mais j'mégare.. . tiens j'avais pas remarqué ce trapèze.
Vous savez comment il m'a scotchée moi Bashung? Sans faire de mauvais jeu de mots, ça s'est fait avec Chatterton. Avant y'avait eu le tubesque 'Joséphine' quand même, simplement parfait. Musique, image, sensualité réunies. Lui, la fille, le cheval, énorme j'vous dis, sulfureux !! Pourtant Joséphine dans le vrai cirque de la vie, c'était juste une tante alsacienne (quoique).
C'était comme si j'le voyais pour la première fois. J'l'ai trouvé si beau mon macadam cow-boy, si droit et élégant dans ses boots en serpent qu'j'ai acheté une compil j'me souviens. Un truc que j'traînais partout et qu' j'écoutais surtout dans la bagnole.
Chatterton c'était pas pareil... je pouvais pas partager. C'était comme un pansement sur mes bobos de séparation, de déménagement et de solitude. Mon petit remède à moi. J'brisais la glace en cas d'urgence et c'était tous les soirs.. j'me souviens de ce disque comme d'un voyage, le premier qu'on a fait ensemble, le début de notre histoire.
Après 'Fantaisie Militaire' est venue. On était en décalage lui et moi, comme le titre de son disque, divorce contre nouvelles amours, mais l'écho de ses malheurs trouvait sa place comme une réminiscence dans le bleu de mon nouveau ciel. C'est devenu MON album, l'album de ma vie, d'une vie, celui que j'ai usé à force d'écoutes répétées. Le plus beau, l'inégalé encore à ce jour pour moi.
Puis le soir du 14 mars 2009 j'ai franchi le pas de l'Imprudence, la plus sombre et lumineuse à la fois de ses compositions car Bashung c'était ça, l'ombre et la lumière. L'opus qui m'a ouvert tant de portes malgré l'infinie tristesse et le manque qui se sont installés après son départ... putain c'que tu peux manquer à l'appel, à la pelle, à la pelle...
Oh monsieur vous partez ? Y'a plein d'étoiles dans vos yeux, soyez pas triste.
Vous savez on est tous pareils, pauvres petits légos qui s'emboitent et se déboitent. Unité et universalité, noirs de monde, il m'a fait comprendre tout ça Bashung, et aussi que ce qui compte c'est le chemin, pas la destination.
Même si je sais que désormais aucun navire n'ira.
Non, aucun.
Ah j'oubliais, que ne doux surtout,
et merci d'avoir été, simplement.
Merci.
Dragonfly

  




5 commentaires:

Pao a dit…

Et merci à toi, Dragonfly pour ce très beau texte en hommage à Bashung que tu m'as permis de déposer ici, sur ces petites notes.
Je suis très touchée par ton histoire, ce papa trop tôt parti qui chantait Gaby (qu'est bien plus belle que Mauricette...), l'album Chatterton qui t'a donné le courage d'avancer et Fantaisie militaire, l'album de ta vie...
Je dois avouer que c'est aussi mon album préféré et c'est pour ça aussi que j'ai mis cette vidéo d'Aucun Express pour accompagner ton texte. Tous les morceaux de cet album sont splendides. Il faudra qu'on en reparle de cet album.
"...Je me suis emporté
Transporté
Par-delà les abysses
Par-dessus les vergers
Délaissant les grands axes
J'ai pris la contre-allée
Je me suis emporté
Transporté
Aucun express ne m'emmènera vers la félicité
sinon toi..."

Anonyme a dit…

Ce dimanche, comme souvent, je suis passée par le petit jardin zen aux parfums d'éternité du cimetière de l'est parisien, devant lequel s'arrêtent de nombreux visiteurs, de tous âges et parfois plusieurs génération au sein d'une même famille. Une diversité de plantes et de fleurs recouvrent et enveloppent tendrement la dalle de béton brut et rendent plus douce la sensation du manque pour ceux qui viennent s'y recueillir pour la première fois. Ce matin, parmi les coquillages et petits cailloux déposés en ce lieu et portant des inscriptions "Dors bien", "Tu m'as conquis jt'adore", "Salut l'artiste"... manquait à l'appel un petit galet rond et blanc poli par le temps et la mer Egée, sur lequel était inscrit ces mots "Aucun express...", suivi des lettres EQNDx. J'ai pensé que quelqu'un avait eu besoin de le mettre dans sa poche ou contre son coeur, remis mes écouteurs et entendu la voix d'Alain Bashung chanter à cet instant "...sinon toi...". Vous y croyez aux hasards vous ? Il faisait beau, le gros chat roux de la place Casimir Périer me regardait m'éloigner d'un air entendu et je lui ai souri. Force et tendresse, Corinne

dragonfly a dit…

...
message reçu alors.
Touchée en plein coeur, merci pour les fils d'or, les liens invisibles de l'amitié, pour les pêches de diamant, le sucre d'étoiles, la communication Terre/Vénus, et les petits cailloux qui s'envolent. Merci ;-)

Pao a dit…

J'aime bien cette citation :
"Il n'y a pas de hasard,
il n'y a que des rendez-vous qu'on ne sait pas lire".

"qu'on ne sait pas lire" finit la citation... Je pense que parfois c'est, au contraire, très lisible...

Anonyme a dit…

...Et pour rester dans "la dimension des miracles", le galet rond et blanc "Aucun express" était revenu ce matin. Et à ses côtés, une majestueuse rose blanche "sinon toi"...

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