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dimanche 5 septembre 2010

Chanter ne peut guère valoir


Mais oui bien sûr, on peut parler poésie avec Bashung aussi, je reviendrai sur les textes de ses chansons et sur les mots de ses paroliers, Jean Fauque en particulier.
Pour l’instant, voici le poème que Corinne a cité plus bas, de Bernard de Ventadour, troubadour du XIIe siècle, prince de l’amour et de la poésie romane…
"Chanter ne peut guère valoir", raconté par Bashung de sa voix sensible et émouvante, tiré de "Anthologie de la poésie française : tome 1 : de la chanson de Roland à Ronsard".
Un troubadour du Moyen âge qui rencontre un troubadour du XXIe siècle. Et l’on s’aperçoit finalement que les écrits d’un autre temps et ceux d’aujourd’hui se rejoignent. Hier comme aujourd’hui, les sentiments profonds sont les mêmes, l’humanité continue sa quête vers l’essentiel, encore et toujours… 


Chanter ne peut guère valoir
Chanter ne peut guère valoir
Si du fond du cœur
Ne monte le chant
Et le chant ne peut monter du cœur
Si en lui il n’y a amour de cœur
C’est pourquoi je chante parfaitement
Car en la joie de l’amour
J’ai engagé la bouche, les yeux, le cœur, le sens
Que jamais Dieu ne me donne le pouvoir
De ne pas avoir de l’amour, désir
Même si rien ne doit m’en venir
Sinon le mal toujours
Je garderai en moi mon cœur
Et j’en ai plus de jouissance
Puisque je persévère en mon amour
Ils blâment l’amour par ignorance
Les gens stupides
Mais ils n’en souffrent pas
Car l’amour ne peut pas déchoir
S’il n’est pas un amour commun
Et tel amour n’est pas l’amour
N’en a que le nom et l’apparence
Qui rien n’aime sans paiement
Si je voulais dire le vrai
Je sais bien d’où vient la tromperie
Celle qui aime pour l’argent
Ils sont des marchands de venelles
Menteurs, si j’étais, et faux
Mais le vrai, je dis durement
Et je souffre car je ne mens
Dans le plaisir et le désir
Et l’amour de deux purs amants
Rien ne peut y être bon
Si la volonté n’est égale
Celui-là est fou de nature
Qui de ce qu’elle veut la reprend
Ou loue ce qu’il ne lui plaît pas
J’ai bien placé mon bon espoir
Si elle me montre beau visage
Que plus je désire et veux voir
Franche, douce, pure et loyale
De qui le roi serait heureux
Belle, gracieuse, corps bien formé
Elle m’a fait riche qui n’était rien
Je n’aime rien d’autre, je ne crains
Rien ne me sera douloureux
S’il vient à plaire à ma seigneure
Et ce jour me semble Noël
Où de ces beaux yeux spirituels
Elle m’a regardé
Mais c’est si rare
Qu’un jour me paraît durer cent ans
Le poème est authentique et parfait
Il est bon pour qui l’entend
Et meilleur pour qui attend la joie
Bernard de Ventatour l'entend, le dit, le fait
Et de la joie en attend



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Paolina d'avoir retrouvé la trace écrite de ce poême, absolument magnifique et intemporel, que je n'avais jamais eu la chance de voir posé sur le papier (même virtuel). C'est étrange, j'ai l'impression "d'entendre" le récitant en le lisant, et cela m'émeut. L'ensemble de l'anthologie est remarquable, Sapho et Alain Bashung prennent superbement leurs voix aux troubadours du moyen age. Ciao Bella

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