Peu connu du grand public (lui aussi), Gianmaria Testa balade
pourtant ses mots depuis de nombreuses années, seul avec sa guitare ou
accompagné par ses musiciens, dans l’intimité de petites salles de concert.
Ce chef de gare et poète piémontais, artiste engagé, nous chante sa vision de la
vie et de l’Italie de Berlusconi, les injustices sociales dans son pays comme ailleurs, les
déracinés et le manque de solidarité entre frères humains. Et puis, il nous parle aussi et surtout d'amour, raconte la solitude, le temps qui passe et la beauté de sa terre, toujours avec profondeur et chaleur humaine.
J’ai eu le bonheur de le voir hier soir en concert, dans le
cadre des festivités organisées à l’occasion du 225ème anniversaire
de ma commune genevoise et ça a été un moment magique et hors du temps,
d’autant plus agréable que la pluie qui s’était invitée quelques heures
auparavant a cessé juste avant que ne commence le concert.
Ses textes, tout comme le cœur de cet homme, sont très beaux.
En voici deux, avec leur traduction en français.
Polvere di gesso
Io ogni mattina
ascolto l'alba
e la sera il
tramonto
e tutto il rumore
che fa
e poi per ogni
giorno che passa
faccio un segno su
un muro
di questa città
perché non è il tempo
che mi manca
e nemmeno l'età
Io ogni mattina
quando parto
lascio aperta la mia
porta
se qualcuno verrà
e poi metto polvere
di gesso
sul pavimento di
casa
per i passi che
farà
perché quando c'è una porta aperta
di sicuro prima o
dopo si sa
Io ogni sera quando
torno
lascio delle tracce
bianche
sulla polvere che
sa
che qui non ci viene
mai nessuno
e nemmeno per oggi
non ci sono novità
e poi richiudo la
mia porta
per la notte e per
il freddo che ci fa
Io ogni mattina
ascolto l'alba
e la sera il
tramonto
e tutto il rumore
che fa
e poi per ogni
giorno che passa
graffio un pezzo di
muro
di questa città
perché non è il
tempo
che mi manca
e nemmeno l'età
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Poussière de craie
Chaque matin j'écoute l'aube
et le soir le coucher du soleil
et tout le bruit que ça fait
et puis pour chaque jour qui passe
je fais une marque sur un mur
de cette ville
parce que ce n'est ni le temps
qui me manque
ni l'âge
Chaque matin quand je pars
je laisse ma porte ouverte
au cas où quelqu'un viendrait
et puis je mets de la poussière de craie
sur le sol de la maison
pour les pas qu'il fera
parce que quand il y a une porte ouverte
c'est sûr, un jour ou l'autre ça se sait
Quand je reviens chaque soir
je laisse des traces blanches
sur la poussière qui sait
qu'ici il ne vient jamais personne
et même pas aujourd'hui
il n'y a pas de nouvelles
et puis je referme ma porte
pour la nuit et le froid qu'il y fait
Chaque matin j'écoute l'aube
et le soir le coucher du soleil
et tout le bruit que ça fait
et puis pour chaque jour qui passe
je griffe un morceau de mur
de cette ville
parce que ce n'est ni le temps
qui me manque
ni l'âge
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Seminatori
di grano
Sono arrivati che faceva giorno
uomini e donne all'altipiano
col passo lento, silenzioso, accorto
dei seminatori di grano
E hanno cercato quello che non c'erà
fra la discarica e la ferrovia
e hanno cercato quello che non c'erà
dietro i binocoli della polizia
e hanno piegato le mani
e gli occhi al vento prima di andare via
Fino alla strada
e con la notte intorno
sono arrivati dall'altipiano
uomini e donne con lo sguardo assorte
dei seminatori dl grano
E hanno lasciato quello che non c'erà
alla discarica e alla ferrovia
e hanno lasciato quello che non c'erà
agli occhi liquidi della polizia
e hanno disteso le mani
contro il vento che lì portava via
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Semeurs
de blé
Ils sont arrivés, il faisait jour,
hommes et femmes des hauts plateaux
avec le pas lent, silencieux, prudent
des semeurs de blé
Et ils ont cherché ce qui n’existait pas
entre la décharge et la voie ferrée
et ils ont cherché ce qui n’existait pas
derrière les jumelles de la police
et ils ont plié les mains
et les yeux sous le vent avant de s’en aller
Jusqu’à la route
et entourés par la nuit
ils sont arrivés des hauts plateaux
hommes et femmes avec le regard absorbé
des semeurs de blé
Et ils ont laissé ce qui n’existait pas
à la décharge et à la voie ferrée
et ils ont laissé ce qui n’existait pas
aux yeux transparents de la police
et ils ont tendu les mains
contre le vent qui les emportait
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Il parle très bien français, aime Brassens et Léo Ferré qu’il a
repris d’ailleurs en 2008 avec d’autres artistes italiens, l’album s’appelle "F.
à Léo".
J’ai découvert une interview intéressante de Gianmaria Testa datant de 2010 à l'occasion de la sortie de son album live "Solo dal vivo".
Il nous parle, entre autres, des artistes qu’il aime et des morceaux qu’il
écoute au moment de l’interview :
J'ai adoré qu'il cite Bashung (je me demande bien pourquoi...) et ses mots m'ont bien plu :
"Là aussi j’ai eu un choc quand j’ai appris qu’il n’était plus là… Très loin de moi et c’est peut-être pour ça que je l’aime beaucoup…".
Un nouvel album est prévu, "Vitamia", qui sortira fin octobre
2011. Je me réjouis de le découvrir !